Ateliers Arts en Immersion
Pour le programme Art en Immersion piloté par la fondation Culture pour l’enfance, en co-construction avec l’académies de Versailles et grâce au soutien du Cube-Garges, les artistes Rozetta (création vidéo) et Djim.A.Djim (création sonore) ont réalisé des ateliers de pratiques artistiques avec 2 classes de CM de Garges-les-Gonnesses, entre mars et avril 2025. L’objectif ? La création collective d’une œuvre audiovisuelle et immersive pour l’Atelier des Lumières. Au programme : échanges libres et inspirés, démonstration et initiation aux pratiques numériques, et bien sûr : production pluridisciplinaire tout azimut.


Mais qu’entend-on par œuvre immersive ? Pour faire simple : le spectateur fait partie intégrante de l’œuvre. Comment ? En brisant la distance qui sépare l’œuvre du public, et grâce à la sollicitation du corps et des sens. L’art immersif ne naît pas avec l’innovation technologique, les techniques de mapping ou de réalité virtuelle. Nous connaissions déjà le théâtre immersif, mais nous pouvons affirmer que l’art immersif existe depuis l’art pariétal : alors que les 1ers humains se réunissaient dans des grottes, zones caverneuses sombres à la réverbération acoustique singulière, pour se retrouver autour de peintures rupestres éclairées aux flambeaux, accompagnés de musique… Il faut imaginer que ces célébrations collectives étaient bel et bien des expériences immersives, faisant autant appel à l’image qu’au son, le tout dans un espace atypique et enveloppant.
Le programme démarre lors d’une première rencontre en classe, avec des échanges autour de l’art, la création collective, le numérique et l’immersion. Rapidement, qui dit artiste dit peintre, et surtout peintre connu. Cette année, les enfants découvrent Pablo Picasso et la dimension révolutionnaire de sa peinture dans l’histoire de la représentation. Loin de nous l’envie de participer au culte d’un monstre de la peinture. Pour notre démarche, nous ne retiendrons de lui que cette citation : “Quand j’étais enfant, je dessinais comme Raphaël mais il m’a fallu toute une vie pour apprendre à dessiner comme un enfant”. Alors pour notre projet de co-création, il s’agira plus d’art brut que de cubisme, débarrassé de toute injonction à quelque technicité ou académisme !
Les enfants, sans surprise, veulent faire de la peinture, de la sculpture… Plutôt des arts plastiques. Et quoique l’œuvre finale sera numérique, nous souhaitons démarrer à partir du réel et de la matière immédiate. La dimension sensorielle tangible dans le processus de création a donc été très présente avec, de temps à autres, des temps d’expérimentation libres sur ipad. L’intérêt du numérique réside dans sa part de “matérialité virtuelle”, dépendante énergétiquement mais non détériorable, pouvant s’adapter à autant de supports de diffusion. On peut observer la progression de l’œuvre, sa matérialité s’adaptant à chaque environnement : collages papiers, écran de classe, projection mapping dans la salle de motricité… plus tard Atelier des Lumières puis le Cube-Garges. “Medium is the message”.
Côté visuel, la pratique a mêlé principalement peinture abstraite (création de fonds marbrés) et stopmotion de créatures en pâte à modeler. Une session a été dédiée à des expérimentations sur tablette (logiciel Procreate et Stopmotion Studio). L’apprivoisement de l’application de dessin se fait sans souci : les enfants connaissent tous le bouton “annuler/revenir en arrière” (une flêche tournée vers la gauche). Mais mener cette activité avec un grand groupe, l’ipad n’est pas idéal : si le logiciel rassemble tous les pinceaux possibles et imaginables, rien ne remplace la sensation de toucher réel avec les pinceaux et la peinture. Côté stopmotion, les enfants imaginent des scénarios “primaires” et tragi-comiques, et systématiquement des créatures qui mangent d’autres créatures : un serpent dévore un banc de poissons jusqu’à en vomir. Ou encore, des histoires de destruction : des vaisseaux qui explosent dans l’espace. Et parfois… quelques brèves mythologiques : 2 aliens volent une flamme d’un volcan cosmique pour l’emmener sur leur planète. Les enfants sont très excités à l’idée de découvrir leurs animations, les petites créatures en pâte à modeler ont beaucoup de charme et feront l’objet de 2 séances de production.


Pour le son, les enfants ont fait leurs propres enregistrements en partant de leurs corps, voix ou objets présents dans l’école. Avec une 1ere étape de collecte de fragments sonores, équipés de zooms, casques et micros piezo (merci Décor Sonore). Plusieurs enfants ont trouvé certains sons effrayants et manquaient de mots pour pouvoir décrire des matières sonores. C’est après un temps d’écoute et d’adaptation autour d’un thème à illustrer acoustiquement que l’imaginaire du son a pu prendre forme, entre bruitages de créatures sous-marines et de vaisseaux spatiaux, élaboration de paysages sonores célestes ou abyssaux. Pour cet atelier, l’ipad est idéal pour démocratiser l’initiation au sound design, grâce notamment à quelques applications pédagogiques telles que Fonofone qui illustre les outils pour chaque effet de manière ludique et graphique. Le sound design est encore rarement exploré auprès du jeune public, à la différence des pratiques musicales utilisant des instruments de musique.


Rapidement, un thème commun s’est dégagé à partir du panel de productions réalisées durant les expérimentations : l’océan et le cosmos, 2 environnements dans lesquels le public aura l’impression de “plonger”, “flotter”, en apesanteur dans l’Aquarium des Lumières. Les thèmes ont suscité l’émulation des enfants qui ont chacun apporté leur part de sensibilité à l’œuvre finale. Surtout, le thème a permis de diriger l’atelier de création sonore, dont les fragments viendront illustrer les paysages marbrés, mélodies et bruitages de créatures psychédéliques. Notre rôle en tant que binôme d’artistes et avec les enseignants : assurer un art-rangement final qui prend en compte chacune des participations enfantines.
Pour le dernier atelier, nous organisons une restitution à l’échelle de l’école, lors d’un atelier d’initiation au mapping (voire d’initiation à la manipulation de souris d’ordinateur !) et de musique à l’image avec . L’enseignante Julie a en parallèle de notre restitution démarré une exposition dans toute l’école à partir des collages des enfants. L’œuvre se décline en d’infinis éclats de collages poétiques. Cette fois-ci, c’étaient Rozetta et Djim.A.Djim les spectatrices. Lors d’un tout dernier échange en classe, nous demandons aux enfants ce qu’ils auront retenu de notre aventure artistique. Une fille nous dit qu’elle aura appris qu’on pouvait signer une œuvre en collectif, une petite victoire à nos yeux.
Pour en savoir plus sur le déroulé des activités, vous pouvez télécharger le compte-rendu ici !