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Plongeons dans le monde merveilleux du weirdcore, découvrons ce que cela signifie, d’où ça vient, et pourquoi c’est si perturbant. Il n’est pas étonnant que des esthétiques telles que le weirdcore aient émergé, alors que nous semblons tous nostalgiques d’une époque où les fenêtres de windows 95 ouvraient nos esprits, où l’écran bleu de la mort hantait nos vies quotidiennes et où l’enfance de l’art informatique se créait. Les espaces virtuels du début d’Internet semblent être les bases et l’inspiration du weirdcore.

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Définir le weirdcore est difficile. La plupart de ces images semblent raconter une histoire entière, mais nous n’en obtenons qu’un fragment. Cette histoire est racontée avec du texte qui ressemble parfois à du WordArt. Toutes les instances de weirdcore n’ont pas de texte, mais la plupart en ont. Les phrases utilisées sont souvent une sorte de dialogue intérieur, mais elles peuvent aussi être des affirmations et, dans certains cas, des avertissements. Si une image vaut mille mots, alors le weirdcore raconte mille mots dans une langue que vous ne comprenez pas. Exploration artistique de la dépersonnalisation et des paysages mémoriels brisés.

Histoire de l’esthétique d’internet

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Le weirdcore est simple et minimaliste, proposant des concepts astucieux qui trompent notre cerveau, par exemple l’utilisation de boîtes noires. Cette photo de famille semble assez normale à première vue, mis à part les boîtes évidentes cachant les visages. Cependant vous pourriez remarquer que les visages de ces personnes sont fortement déformés, comme s’ils avaient des yeux sur le front. Cela ne peut que vous faire vous demander ce qui se trouve sous les boîtes, et je suis sûr que ce ne sont pas des bouches humaines.

Le déplacement incorrect d’objets et d’attributs est également typique. Le weirdcore peut également être reconnu par des images avec des bordures inutiles et des tailles de cadre déroutantes.

Ces bordures me rappellent une autre époque, une époque où les grandes entreprises n’avaient pas encore monopolisé Internet. Les images weirdcore sont de faible résolution, compressées, fortement saturées, et certaines sont imprévisibles.

Le weirdcore est sans aucun doute représentatif de tout ce qu’était Internet au début. Internet remonte aux années 1960, lorsqu’il était uniquement utilisé par le gouvernement. En avril 1993, le World Wide Web est devenu un domaine public, marquant une nouvelle ère. Les gens ont commencé à créer et à concevoir leurs propres sites Web. Internet avait beaucoup de personnalité parce qu’il était inondé de sites Web personnels et de designs créés par les utilisateurs. Si l’on compare les sites Web des années 90 avec les sites Web actuels détenus par des entreprises, on remarque une énorme différence dans l’esthétique et dans les couleurs. De nos jours, la personnalisation du Web est morte, et l’interface utilisateur Web moderne est bien plus limitée qu’auparavant. Le style artistique contemporain de l’Allegria (ou Big Tech, ou Corporate Memphis) domine Internet controlé par les GAFAM. Les logos d’entreprise sont plus simplifiés que jamais, leur ayant fait perdre de la personnalité.

styled-image Dissecting the monster of Corporate Memphis, par Justin Kang

Skeuomorphisme

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Le skeuomorphisme c’est la virtualisation d’objets de la vie réelle avec des éléments voulant représenter les textures de façon réaliste. Ce style désuet semble courant dans le weirdcore. Un exemple bien connu de skeuomorphisme est le design qu’Apple a utilisé pour ses applications depuis l’iPhone d’origine en 2007 jusqu’à son climax en 2012. C’est un style artistique qui semble désormais éloigné, mais que beaucoup d’art weirdcore incluent encore, principalement des icônes utilisées sous Windows 95 et Windows XP.

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L’image Bliss, considérée comme la photo la plus vue du monde est également fréquente, car il n’y a pas beaucoup d’images qui évoquent plus de nostalgie que celle-ci. Le weirdcore emprunte beaucoup au vieux Windows, en particulier les pop-ups et bien sûr le texte en WordArt. Mais on trouve dans cette forme d’art une esthétique distincte, car elle est reconnue par sa basse résolution, ses couleurs mal placées et son style déroutant.

styled-image Windows XP Bliss Wallpaper, Charles O’Rear, 1996

Il existe une esthétique moins connue mais similaire au weirdcore appelée old webcore. Le nom old webcore vous dit tout ce que vous devez savoir, car il s’agit simplement d’une esthétique basée sur le début d’Internet. L’old webcore se trouve partout sur Internet, que vous naviguiez sur Reddit, regardiez YouTube ou cherchiez de la musique. Tout le monde semble nostalgique d’une époque meilleure.

Inconscient et Surréalisme

Le surréalisme capture le rêve, le bizarre et l’irréel. Il plonge profondément dans nos esprits et représente nos désirs, nos pensées et nos peurs. Le fondateur de la psychanalyse, Sigmund Freud, est souvent considéré comme la plus grande influence du surréalisme en tant que forme d’art. Les surréalistes ont pris le concept du subconscient de Freud et ont estimé que le meilleur art était créé en accédant à l’esprit subconscient. Les actions, émotions et idées dans l’esprit, dont on n’est pas pleinement conscient, sont notre subconscient.

Avant le surréalisme, l’art était presque toujours une pure représentations de l’esprit conscient. Les artistes peignaient ce qu’ils voyaient ou lisaient, et la plupart de l’art était réaliste. Il y avait des autoportraits, des paysages, des peintures de guerre. Presque tout était réel, peint ou dessiné de la manière dont les yeux percevaient le monde.

styled-image La Persistance de la mémoire, Salvador Dali, 1931

Le mouvement surréaliste a commencé en 1924, lorsque les artistes ont commencé à utiliser ce concept dans leur travail. Le XXe siècle a vu de nombreux surréalistes importants, notamment Salvador Dali, dont la personnalité très excentrique se reflétait dans son art. Sa peinture la plus célèbre, “La Persistance de la mémoire” a de nombreuses interprétations différentes, mais elle est toujours perçue comme une distorsion de l’espace et du temps.

La confusion du sens

Outre Dali, il y a eu de nombreux autres artistes surréalistes célèbres tels que René Magritte, Pablo Picasso et Max Ernst. J’apprécie particulièrement M.C. Escher, car son art combine souvent le surréalisme avec des structures impossibles. L’art d’Escher confond le spectateur, se demandant si cette structure ou cet objet peut être recréé. On pourrait voir le surréalisme comme les prémices du weirdcore, avant même l’existence d’Internet. Qu’ont vraiment en commun le surréalisme et le weirdcore ?

styled-image Relativité, Maurits Cornelis Escher, 1953

Ils sont tous deux oniriques, et l’art nous parle parfois littéralement et parfois métaphoriquement. Mais est-ce vraiment le cas ? Dans l’œuvre de René Magritte intitulée “La trahison des images”, il dit au spectateur que ceci n’est pas une pipe. Le dessin nous trahit, car c’est clairement une pipe. Mais qu’est-ce qu’une pipe ? Qui nous dit ce qu’est une pipe et à quoi elle ressemble ? Les mots et les idées sont simplement des choses inventées, mais notre esprit nous dit le contraire. Nous voulons établir des connexions, mais parfois il n’y en a pas. Rien n’a de sens, et c’est pourquoi l’art de Magritte n’a jamais de signification, car il soutient que le mystère est inconnaissable. Tout ne doit pas forcément signifier quelque chose.

styled-image Ceci n’est pas La trahison des images, Renée Magritte, 1928

“La trahison des images” rappelle le weirdcore, non pas parce que c’est une image avec un texte confus et trompeur, mais en raison de son idée qui dénonce la fausseté de la connexion. Beaucoup, voire toutes ces images, ne signifient rien. Il est donc inutile de les analyser. Elles sont faites pour vous dérouter ou vous perturber, comme un divertissement. Le surréalisme a été et est une source d’inspiration pour de nombreuses formes de médias modernes, pour des réalisateurs tels que David Lynch ou Spike Jonze, pour la musique expérimentale et pour les jeux vidéo.

LSD Dream Emulator

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Un des jeux surréalistes les plus célèbres est LSD Dream Emulator, désormais considéré comme un classique culte. Le 22 octobre 1998, LSD Dream Emulator est sorti sur la PlayStation 1. Le jeu était basé sur un journal de rêves appelé «Lovely Sweet Dream», écrit par Hiroko Nishikawa, un écrivain japonais qui consignait ses rêves et cauchemars des années 70, 80 et 90. Le jeu a été developé par Osamu Sato, un artiste multimédia. LSD Dream Emulator n’a été publié qu’au Japon et n’a pas connu un grand succès à l’époque. Cependant, il a fini par gagner en popularité, et en raison du nombre limité d’exemplaires, il vaut aujourd’hui des centaines de dollars, en faisant l’un des jeux PlayStation 1 les plus précieux du marché. Un nouveau remake du jeu a récemment été publié, appelée LSD: REVAMPED.

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En démarrant le jeu, le joueur est placé dans un petit bâtiment où il peut se promener. Lorsque vous marchez contre un mur ou un objet, vous serez parfois téléporté dans une autre zone. Vous pouvez continuer à explorer jusqu’à ce que vous tombiez ou atteigniez une fin. Le rêve est alors terminé, et vous êtes confronté à une carte étrange qui montre les zones que vous avez explorées pendant votre rêve. LSD Dream Emulator est souvent considéré comme un jeu weirdcore en raison de son atmosphère onirique, de son esthétique et de sa bizarrerie générale. Le jeu est clairement basé sur les rêves, car les paysages n’ont guère de sens. Le joueur marche à travers des zones contenant de longs tunnels de chair ou un pont qui semble se terminer dans la bouche d’un soleil. Outre toutes ces zones, le jeu présente également des entités inquiétantes qui peuvent être rencontrées aléatoirement.

Certains pensent donc que le jeu est surnaturel ou qu’il est personnalisé pour chaque joueur individuel. Mis à part ces aspects effrayants, l’esthétique de Dream Emulator est à la fois fascinante et troublante. Rien de ce que vous voyez ou observez n’a de sens, alors que vous explorez le paysage de l’esprit de quelqu’un, qui est simplement un recueil d’expériences et d’idées. C’est exactement ce que LSD Dream Emulator et le weirdcore ont en commun : ils sont tous deux une représentation de souvenirs fragmentés.

La fin de la réalité

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Le weirdcore ressemble à une réalité altérée, tout comme la vie parfois. Le weirdcore est sans aucun doute une représentation du trouble de dépersonnalisation/déréalisation (DPDR). Il affirme souvent des choses comme ‘c’est réel’ ou ‘ce n’est pas un rêve’, plongeant notre esprit dans la confusion lorsque nous regardons la réalité se briser ou se désagréger. Je vois le weirdcore comme des photos incomplètes du passé, une image mal conservée de notre mémoire.

Le DPDR rend votre mémoire floue et mélange les événements et les choses, tout comme ces images. Le présent ressemble à un rêve, tout comme le passé. Pour être honnête avec vous, je ne comprendrai jamais le weirdcore, mais je serai toujours en phase avec son sentiment. Nous vivons dans un monde distrait, et l’amélioration rapide de la technologie ne fait que rendre la réalité plus lointaine. Le weirdcore est la conséquence d’une réalité éloignée. Je ne pense pas que rien ne soit réel, mais parfois cela semble être la seule explication possible.

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C’est ce que le weirdcore représente : le sentiment que tous les moments amusants et heureux appartiennent au passé, car nous vivons maintenant dans une dystopie numérique sombre et irréversible. Le weirdcore est un regard surréaliste d’un avenir virtuel sur un passé où tout semblait encore réel.

Article traduit et adapté de la vidéo de CreepyDemon.